POur les parents d'élèves

Certains parents ne savent pas qu'il faut absolument éviter de remettre en question l'enseignant devant leur enfant.

En effet, hormis le mal au coeur profond qu'ils peuvent faire à ce professeur (qui bien sûr ne montrera rien par pudeur et désir d'être professionnel), c'est avant tout l'enfant qui en subira les conséquences.

J'entends par là qu'il n'accordera plus de crédit à son enseignant et décidera donc de tout remettre en question concernant les propos de ce dernier  ou ses propositions d'activités pédagogiques. Il désinvestira ses études en croyant que l'effort qu'elles demandent n'en mérite pas la peine et finira pas avoir de mauvais résultats.

Sans parler du malaise qu'il éprouvera chaque jour à se retrouver face à quelqu'un dont il douterait des bonnes intentions. Parfois même, il se montrera perturbateur en classe, dérangeant ainsi l'enseignant mais aussi ses camarades dans leurs études.

Bref, si vous douter des compétences ou choix de votre enseignant, demandez-lui avec un esprit d'altruisme et de tolérance qu'il vous éclaire à ce sujet, mais pas devant votre enfant.

Sachez que l'enseignant est tenu de communiquer ses choix mais que ce n'est pas le rôle des parents d'en prendre le contrôle, ni de décider à sa place. Parait-il que certains parents pensent qu'enseigner c'est faire faire sans cesse des exercices d'application et ils ne comprennent pas toujours le rôle fondamental des réflexions, de la recherche, de la manipulation et des découvertes à expérimenter avant d'en venir à répondre à des batteries d'exercices d'application. L'enseignement se décompose en toutes sortes de phases et toutes ne sont pas toujours visibles de l'extérieur, mais toutes sont importantes.

Souvent, certains pensent maîtriser les choses (voir que c'est facile d'enseigner), sans connaître les réalités insidueuses du terrain. Ce type de parents ont de bonnes intentions, mais ne savent pas qu'en fait ils n'ont pas toutes les cartes en mains et il serait délicat, voir impossible à l'enseignant de toutes leur communiquer.

Certains n'ont pas conscience de tout ce que l'enseignant en face assume et qui ne se voit pas. OU pire, certains le savent, prétendent qu'eux-mêmes ne pourraient pas le faire, mais ne se gênent pas pour exiger toujours plus de lui, ce qui donne à penser parfois, à mes confrères et moi-même que ce travail est trop exigeant.

Nous nous retrouvons parfois exténués, n'arrivant plus à nous dépêtrer de la fatigue, ne désirant plus qu'une chose: nous cacher la tête sous un coussin , tout oublier et dormir 24 heures d'affilées, sans que l'on nous demande quoi que ce soit...D'où notre tête de chat mouillé, psychorigide pour certains, pas rigolote pour deux ronds et ultra méfiante parfois...En fait, nous sommes régulièrement pressés comme des citrons.

Parmi les éléments qui nous grignotent l'intérieur et dont on n'ose pas toujours parler, on trouve pour beaucoup, la peur du regard d'autrui sur notre travail. Le jugement... Que ce soit celui des collègues, parents, élèves ou inspecteurs...Cette pression est quotidienne et difficilement maîtrisable malgré nos raisonnements.

POur ceux que cela intérèsse, notre profession exige aussi par exemple simultanément d'assumer: sécurité d'une trentaine d'enfants remuants, éducation (si souvent négligée chez eux et exténuante à entretenir pour nous aussi sur le nombre d'élèves), enseignement, maîtrise des savoirs à enseigner, communication avec tous (élèves, parents, collègues, toutes autres personnes du service, hiérarchie, ect...), recherche pour inover ou trouver incessement les meilleures solutions pédagogiques, deux tonnes de paperasses par jour au détriment de notre vie personnelle et familiale (pour moi, cela prend bien deux heures de mon temps chaque soir, voir quatre quand j'avois les CM2 et cela vraiment les parents ne le voient pas!), rangement et nettoyage pour toutes (même quand on bénéficie d'aides-ménagères), réunions incessantes, écoute et réajustements continuels (envers les exigences des parents, élèves, Education Nationale, hiérarchie, ect...), et j'en passe car cela pourrait remplir des cahiers entiers...

Bref, ménageons-nous les uns les autres, prenons toujours du recul  et développons notre solidarité et notre esprit de tolérance les uns envers les autres.

C'est peut être un cliché mais il est authentique: c'est par notre collaboration que nous aiderons nos enfants à progresser et être le mieux possible dans leur peau. Mettre un élève dans une école implique le choix de la confiance, sinon, il faut simplement trouver une autre école, c'est notre liberté de citoyen.