Atelier d'écriture: entrer dans un tableau de peinture
Je ne voyais pas la mort si agréable, sereine et douce. C’est une jeune femme raffinée, hors du temps, sous son ombrelle menthe à l’eau, aspirée par le ciel azur.
Elle me contemple en silence avec amitié et tristesse mêlées. Elle sait que j’étouffe sous toute forme de mélancolie, que j’ai du mal à m’approcher d’elle, que je la fuis.
Son enfant, légèrement décalé à sa gauche est un peu le mien aussi. Je comprends qu’il est ceux qui m’ont aimée et ceux que j’aimais. Je crie, réclame sa présence encore... Mais il reste inconscient, lointain.
Pour m’attirer, me rassurer, mon amie s’entoure de printemps, de respiration, d’espace céleste. Sa voilette se confond avec les nuages, l’air se glisse partout et joue avec nous. Cela sent l’infini et l’herbe sauvage gorgée de soleil. Je savoure chaque détail. La nature, si belle, oscille entre complexité et pureté. Les couleurs sont trois : bleu, blanc, vert. Les couleurs sont mille. Elles me sautent au visage, me caressent l’âme, m’aident à partir.
Je distingue doucement la voix de cette mère, le murmure de mon prénom. Les larmes perlent malgré moi sur mes joues. J’ai l’impression d’avoir raté quelque chose, de ne pas avoir été à la hauteur, ne pas avoir eu le sang assez rouge, assez vif. La verdure touffue pousse partout, sur moi aussi. Bientôt, je disparaitrai complètement. Je deviendrai elle, légère, presque invisible. Je me souviens des paroles de mon petit garçon qui rêvait du pouvoir de disparaître, de se camoufler. Peut être serai-je enfin soulagée, libre de toute pression, de toute exigence ?
Je suis couverte de petites fleurs vaporeuses et de mousse. Je deviens lumineuse comme ce vent qui nous inonde tous les trois avec une tendresse infinie.
Acrylique, 50x 40 cm, réalisée en 2020 et inspirée du tableau de Monet "Femme à l'ombrelle" qui m'a également inspirée le texte ci-dessus.
"Un seul rayon de soleil suffit à dissiper des millions d'ombres." (Fréderik Backman)