Chagrin d’école de Danièle Pennac- Gallimard-2007.

Chagrin d’école de Danièle Pennac- Gallimard-2007.

Livre de réflexions, témoignages variés de situations de classe, à partir de son expérience personnelle de cancre parvenu au statut de professeur et d’écrivain. Il s’interroge sur l’école, les enseignants, le système, les élèves et les moyens d’aider les enfants en difficulté. Ton très vivant, emprunt d’humour, de tendresse, d’humanité, de remise en question aussi de soi-même, de sa pratique…Professeur peu conventionnel. J’ai beaucoup apprécié ce livre.

Aborde plusieurs thèmes et idées comme :

-Sentiment de désespoir d’être cancre, diminution de l’estime de soi, humiliation cachée… Angoisse étouffante.

-Ne pas sermonner longuement enfants en difficulté mais propose à la place : « Peur de la grammaire ? Faisons de la grammaire. Pas d’appétit pour la littérature ? Lisons. »

- « …il n’y a pas plus prompt à vous engueuler qu’un prof mécontent de lui-même…sans parler de la correction de vos copies, ce soir à la maison…La première qualité d’un professeur, c’est le sommeil. Le bon professeur est celui qui se couche tôt. »

-Pratique de la dictée hebdomadaire et littéraire. Très beaux textes pour interpeller les élèves d’emblée. (voir p.152.154.) De plus, il les fait parfois corriger par ses autres classes, décore sa classe avec des guirlandes des plus belles fautes d’orthographe… »Il faut savoir jouer avec le savoir. »

-Aborde le thème de l’angoisse exagérée des élèves autour de l’école : il faut prendre du recul, dédramatiser…

-Thème de la recherche de coupable : le prof, les parents, l’élève…

-Oblige ses élèves (en notant), à apprendre par cœur des extraits littéraires soigneusement choisis pour leur donner goût des mots, de la littérature, forger les esprits, habituer la mémoire… Ensuite, ils adorent cela et jouent à se les réciter… exemples de ses beaux textes, p.163.164, « votre fils aimera savoir en quelle langue il nage, ce qui le porte, le désaltère, le nourrit et se faire lui-même porteur de cette beauté et avec quelle fierté ! Il va adorer çà, faites-lui confiance, le goût de ces mots dans sa bouche, les fusées éclairantes de ses pensées dans sa tête, et découvrir les capacités prodigieuses de sa mémoire, son infini souplesse, cette caisse de résonnance, ect…» (p.159.160)

- « Il nous arrivait de considérer la bêtise avec le plus grand intérêt, d’étudier les effets de sa cohabitation avec l’intelligence la plus rare. »

-Propose de refuser toute réponse absurde de l’élève (indice qu’ils ne comprennent pas ce qu’on demande). Oppose réponse absurde et fausse.

-Explique que les cancres ne se considèrent pas « en difficulté », mais « nuls  en tout » : « je suis un con ! L’école, c’est pas pour moi… » Fatalisme excessif prouvant qu’ils se situent mal face au savoir, ne voient pas qu’ils peuvent remédier, comprennent pas la démarche d’apprentissage, le rôle de l’école…

-Expose la gestion du conflit entre désirs des élèves et leurs obligations/besoins scolaires pour eux et pour l’enseignant. « Besoin de s’instruire d’autant plus difficile à combler qu’il faut d’abord les éveiller ! Rude tâche pour le professeur, ce conflit entre les désirs et les besoins. »(p.291. 292) Aborde le thème de l’enfant-client, le rôle de la société de consommation autour d’eux, leur instrumentalisation : l’instruction contre l’aliénation…

-L’importance pour le professeur, de comprendre de l’intérieur en se plaçant du côté de ses propres difficultés, échec, ignorance pour aider les élèves en difficulté.