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Expérimentalo
20 mars 2020

Texte sur la solitude

 

Quelle ambivalence…J’ai du mal à comprendre pourquoi j’ai tant besoin du contact aux autres et à la fois, un désir d’ermitage intense. Mais finalement, les joies de la solitude, je n’ai fait que les effleurer, tandis que les relations humaines m’ont souvent laissée un goût amer. Je garde toutefois mon téléphone, la télévision, mon ordinateur, Internet et je dialogue sur mon réseau social. Il me reste même des amis que j’aime tendrement.

Mais voilà. J’ai enfin réussi à prendre une décision et à la mettre en place. Un contexte inattendu et mystérieux me l’a permise. Je suis absolument toute seule, confinée pour plusieurs mois. J’habite cette jolie maison, dans cette clairière rayonnante, tout contre la forêt. Je ne manque d’aucun confort réel. Je me sens abasourdie, mais plutôt heureuse. Je raffole de l’odeur des pins et des jeux de lumières.

Je réalise toutes sortes de tâches ménagères, la tête vide et remplie à la fois de tout… Je me défoule en récurant, classant, ordonnant… J’aime répandre le Beau, le propre, le douillet autour de moi. J’aime le silence, j’aime prier, j’aime la culture.

 Ranger ma bibliothèque, me délecter de littérature, de films intimistes, organiser albums photos, courriers du cœur, diverses boîtes aux trésors, tout me berce, m’hypnotise. J’aime, non j’adore peindre, même si cela m’arrache l’âme. J’aime, non j’adore écrire, même si c’est un crève-cœur. J’aime surtout que l’on ne saccage rien des montagnes que je soulève. J’ai mille projets joyeux que j’espère honorer sans être déçue. Je compte bien me reposer, m’instruire, être moi, me sentir bien plus de dix minutes, au moins une fois dans ma vie.

Parfois, je m’aperçois que je divague un peu, que le négatif me rattrape. Je pleure des souvenirs, des liens brisées, des personnes que je n’ai plus comprises, qui se sont éloignées, m’ont fait du mal. J’accepte l’idée qu’elles soient cruelles et puis c’est tout. J’accepte que ce n’est pas de ma faute, en rien. J’accepte l’idée qu’il y a des gens tordus, des âmes sans ouverture. J’accepte aussi l’idée que j’aurai pu avoir une part de fautes aussi. J’accepte l’idée de ne pas savoir, que cela n’a plus d’importance. Je ne vois plus personne. Je suis un mouchoir de tissus blanc qui vole dans le vent. J’essaie de m’éloigner de toute colère, de toute tristesse, mais je me rends compte qu’il est si difficile encore et toujours de lâcher prise, de laisser passer ceux qui, je croyais, comptaient dans ma vie. Pour eux, je n’étais qu’un brin d’herbe à piétiner, c’est tout.

Bien sûr, je ne suis pas vraiment surprise de ma difficulté à les renvoyer complètement de ma vie. Je n’ose pas encore les sortir de mes amis Facebook. Je n’ose pas choisir un total isolement, l’irrémédiable.

 

Et puis je pense à ma vieillesse et celle des autres en général. Je nous vois fatigués, malades, abandonnés, suffocants, bouffés vivants par les vers. Ma mère m’aurait secouée, aurait ironisé : « c’est rafraîchissant ton optimisme ! » Comme souvent, je me sens à la fois révoltée et soumise. J’ai toujours ce côté irrésolu en moi, tellement subtil que plus personne n’y comprend rien. Moi non plus. Je pense aussi souvent au Mal. Celui que certains font subir, ces étranges phénomènes dont les actualités nous abreuvent … Je suis complètement scandalisée puis, je me souviens de toutes les envies de meurtres qui m’ont traversées, moi aussi. La maladie, être obligé de manger des animaux, d’être exploitée par certains, crouler sous les besoins des uns et des autres, les corvées à en vomir, des trucs bizarres en tous genres, des rochers glissants, les ressors exorbités, les souris espionnes, les chauves-souris hystériques, mais surtout les renards aux yeux de pâquerettes ! Trop, c’est trop, ma tête d’acier toute molle, semble éclater. Je vois mes lambeaux de cervelle planer dans le ciel bleu azur. Je respire trop fort.

Stop, je réussis à me concentrer sur le blanc des nuages vaporeux, joueurs, grands séducteurs. J’oublie tout dans un rayon de soleil baladeur qui m’inonde délicieusement le visage. La nature printanière est comme moi, elle se réveille tapageusement. Elle a surmonté les gouffres glacés de l’hiver. Tel le Phénix, Déméter renait de ses cendres. Elle se pavane, dandine et ricane à gorge déployée, entre deux roseaux ébouriffés. Moi, je lape l’eau de son ruisseau musical. Je suis aquatique, c’est un choix profondément muri. J’ondule, les pieds dans l’eau fraîche, comme une anguille. Je sautille ensuite sur les grosses pierres le long du cours d’eau. J’ai l’impression de m’élever dans les airs.

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