Le cerveau et la musique de Jean-Paul Despins
Le cerveau et la musique de Jean-Paul Despins chez Bourgeois éditeur, 1986.
L’hémisphère gauche intervient plutôt sur les
compétences langagières et de raisonnement scientifiques : « codage logico-analytique du monde
environnant », tandis que le droit
est un « faiseur d’ensemble », sa vision est avant tout
holistique. Il répond plus rapidement à la nouveauté, à la créativité
artistique et est d’avantage impliqué au niveau du sens musical.
« Les sciences et le
droit, par exemple, glorifient la pensée linéaire et la logique verbale. Les
arts, la musique et la religion mettent l’accent sur les notions aconceptuelles
de sentiments ou d’intuition. Aussi, le plus souvent, et c’est bien
regrettable, pouvons-nous voir les intellectuels dénigrer l’intelligence
non-verbale, tandis que les mystiques stigmatisent la pensée rationnelle.
Pourtant une conscience humaine complète
devrait inclure les deux modes de pensée, tout comme la journée complète
inclut le jour et la nuit. »(p.19)
« Maintenant, il est
généralement accepté de reconnaître, à
chaque hémisphère, un rôle différent mais complémentaire. »(p.28)
« Il existe vraiment
chez tout individu, des modes de fonctionnement cognitif qui sont directement
en relation avec le fonctionnement propre de chaque hémisphère cérébral (Levy,
1983) » (p.115)
« (…) ces différents mécanismes neurofonctionnels, contrôlés
soit par l’hémisphère gauche, soit par l’hémisphère droit n’agissent jamais seuls, mais de façon concerté. »(p.115, 116)
« Dans les cours de
musique par exemple, la découverte et l’émotion sont fréquemment écorchées par
le besoin de contrôler et d’établir la discipline à tout prix. Si l’on
misait moins sur la discipline et sur le contrôle comme tels, ceux-ci
s’établiraient d’eux-mêmes à la longue, en accordant plus de place à la découverte et à l’émotion. Tout ce qui ne
respecte pas l’essence intime de l’acte musical et les mécanismes propres du
fonctionnement neurologique de l’enfant est contre nature. »(p.118)
« D’une part, on
privilégie les types d’apprentissage où l’on doit dominer la maîtrise de la
motricité fine (écriture, expression écrite, danse, dessin de reproduction,…),
alors que la maturation de leur système
neurofonctionnel n’est pas prête, en général à assumer cela. D’autre part,
on néglige des modèles d’apprentissage d’ordre visuo-spatial où la découverte, l’exploration, l’intuition doivent primer,
alors que leur système neurofonctionnel se développe prioritairement sur cet
axe précis. »(p.120)
Ce livre entre
directement dans l’influence des méthodes constructivistes pour l’apprentissage
des concepts.
" Ce ne sont pas
les matières qu'on leur enseigne que les élèves ne comprennent pas, mais les
leçons qu'on leur donne. " Cette réflexion de Piaget est
particulièrement vraie dans le domaine de l'abstraction,
pourtant à la base de la majorité des programmes scolaires et de notre vie
professionnelle. En fait, les processus cognitifs fondamentaux se développent
très tôt chez l'enfant, avant même la scolarité. Encore faut-il que l'école permette leur progression et leur
épanouissement ; or, trop souvent, l'absence d'une pédagogie appropriée
aboutit à un blocage des potentialités intellectuelles de l'élève.
Le cadre conceptuel de cet
ouvrage est issu de la psychologie
cognitive, notamment des travaux et des théories du grand psychologue
Jérôme Bruner. Mais il s'appuie aussi sur d'autres disciplines :
neuropsychologie, linguistique, intelligence artificielle. Après des recherches
et des enquêtes pédagogiques auprès des élèves du primaire et du secondaire aux
États-Unis et en France, l'auteur a
expérimenté, en classe, son " apprentissage de l'abstraction " ;
puis elle a formé des groupes d'enseignants. Son ouvrage ne se limite donc pas
à un exposé théorique : de nombreuses pages sont consacrées à des cas
réels et à des exemples concrets.
Le chapitre 3 montre une méthode redoutable d'efficacité pour acquérir un concept. L'ayant
utilisée en classe je peux en attester. Prêcher
le faux pour connaître le vrai. Utiliser l'esprit de contradiction de l'élève pour
l'amener à construire le vrai en réaction au faux présenté par l'adulte.