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Expérimentalo
17 février 2023

La jeune fille au livre (texte écrit durant mon atelier d'écriture)

Il me regarde et je fais semblant de lire. Je suis incapable de me confronter, je fuis. C’est terrible et triste. Cela rend l’amour impossible.

D’ailleurs de son côté c’est pareil. Rien ne se passera jamais car c’est trop dur. C’est trop brutal pour nous deux. Trop brutal d’être vrai. Nos regards se fondent dans le décor, or nous ne cessons de ne voir que nous. Nous sommes magnétisés l’un par l’autre tellement puissamment que, justement, rien ne pourra jamais arriver entre nous. Il y a un côté doux, commode à cet effondrement, ravageuse timidité. Tentaculaire frayeur, je te masque par une concentration illusoire dans ma tendre littérature. Dialoguer lui et moi serait une mascarade. Les mots chasseraient l’amour. Nous ne sommes qu’amour, rien d’autre. Ce n’est même pas une absence de courage, non, c’est une lucidité. On ne peut marier rêve et réalité, alors je meurs à petit feu derrière mes pages de roman. Je meurs à petit feu derrière ces tâches de lumière qui parsème ma robe fleurie et peut être que j’aime cela, cette inaction. Je dégénère lentement, avec volupté. Nous ne saurions souffrir une humiliante comédie, une séduction puérile. Alors…Que je devine toujours nos cœurs hurler de passion entre chacune de nos respirations, nos obsessions, nos forces infinies exploser en nous-mêmes. Nous ne laisserons jamais la routine et la disgrâce prendre le pas.

J’ai discrètement observé les effets de la fatigue commencer à alourdir notre visage et plus particulièrement notre regard. Je trouve cela beau, comme si l’on brûlait légèrement les ailes d’un somptueux papillon. Mais juste un peu, sur les extrémités. Cela laisse une marque sombre, exquise sur l’insecte flamboyant qui pleure en silence. Il ne peut plus voler et nos esprits ne peuvent plus soutenir nos âmes.

J’irai dormir au fond de ce jardin réchauffé par l’été et je n’aurai plus jamais peur de rien. Le temps sera mort, solaire, macchabée irradiant. La nature envahira tout délicieusement. Je gouterai le parfum des roses agonisantes. Je sentirai la caresse de nos étreintes avortées. Je toucherai la musique de nos paroles évanouies. Je regarderai bien en face l’eau de nos larmes salées et j’écouterai ton sourire merveilleux distordre la nuit qui m’agite sans répit.

 

 

 

 

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